La Tarkama est le rite par lequel le corps de la défunte Saraouniya de Lougou désigne celle qui va lui succéder. Saraouniya Aljimma , désignée par la Tarkama de Saraouniya Gado en 1983, est décédée le 7 janvier 2023 après près de quarante années de règne.

La Tarkama de Saraouniya Aljimma a été organisée très vite dès le lundi 9 janvier. Le rite nécessite la participation de ressortissants de plusieurs des nombreux villages issus de Lougou. Le corps de la défunte est préparé dans sa grande case, qui sera détruite peu après. La nouvelle Saraouniya aura sa nouvelle grande case, dont l’emplacement sera choisi par la Tarkama.

Le corps est enroulé dans une natte placée sur une plateforme portée par quatre porteurs, un à chaque coin. Les quatre porteurs sont issus de Darei, un village de la commune de Dankassari et de Bagagi, un village de la commune de Matankari. L’homme qui tient la hache et qui frappe la terre lorsqu’il interroge la Tarkama est venu de Guilme, sur la commune de Dogonkiria, il est accompagné d’une femme qui frappe régulièrement une calebasse renversée sur une autre calebasse qui contient de l’eau ainsi que d’un musicien avec son tambour.

A l’extérieur toute une foule est présente, les femmes et les filles regardent plutôt de loin, les hommes et les garçons se rapprochent davantage. Des officiels sont assis dans des fauteuils, dont le Kona de Dogondoutchi, le Préfet du département, les Maires de de Dankassari et Dogondoutchi, les représentants du Sarkin Arewa et du chef de canton de Tibiri ainsi que des membres du RAEDD. La gendarmerie est présente pour assurer le maintien de l’ordre. Des prêtres azna sont assis par terre, on les reconnaît à leur costume et leur bonnet en coton blanc. Plus de dix femmes ont été rassemblées, celles qui vivent proches de Lougou et réunissent les critères pour être désignées.

Une fois les préparatifs terminés, la Tarkama sort de la grande case. Tout le rite a désormais lieu en public. Elle se dirige d’abord vers la brousse autour du village, elle a pour tâche de retrouver une aiguille qui y a été cachée. Cette étape permet de vérifier que la Tarkama remplit sa fonction. De retour au village, elle salue les officiels puis les prêtres azna.

L’homme à la hache frappe la terre et nomme une à une les femmes rassemblées. Si la Tarkama en choisit une, elle doit le manifester en venant au-dessus de sa tête. C’est ainsi qu’Aljimma avait été choisie en 1983, à sa grande surprise. Mais cette fois-ci elle ne désigne aucune de ces femmes.

Après avoir salué les prêtres azna, la Tarkama part pour le village pour identifier la concession de la future reine. Une fois la maison trouvée, elle est interrogée pour désigner la femme issue de cette famille, qui régnera désormais. Elle choisit Kambari qui, née à Lougou,vit à Toudoun-Barewa, d’om était son mari maintenant décédé. Elle n’est pas présente à Lougou. On prévient es fils car ils doivent lui dire adieu, ils n’auront plus la possibilité de la voir. On va la chercher en voiture, elle arrive à Lougou et réside désormais au village (voir plus de détails dans le Portrait de Saraouniya Kambari à la fin du Magazine).

Lougou a une nouvelle reine, Saraouniya Kambari.

La Tarkama a terminé son travail. Encouragés par des musiciens, des jeunes creusent la tombe d’Aljimma, au lieu que la Tarkama a identifié. Son corps sera enterré entouré de la peau d’un bœuf. Elle reposera désormais à Lougou dans le cimetière des Saraouniya.

La Tarkama a pu être photographiée et filmée par Aziz Soumaïla que Tarbiyya Tatali a dépêché à Lougou dès que nous avons su qu’il serait bienvenu pour documenter le rite. Un petit film a ensuite été monté par Culture Plus en collaboration avec l’AECIN. A notre connaissance, c’est la première fois qu’une Tarkama a été filmée à Lougou. Tous nos remerciements à la population de Lougou pour leur accueil et aux autorités municipales de Dankassari pour leur soutien.