Mahamadou Saidou, octobre 2015 (Photo d’Abdoul Aziz Soumaïla)

Mahamadou Saidou est né « vers 1952 » à Dogon Doutchi, Niger , dans le cadre de la grande famille des Kwanawa. Il avait dix-neuf frères et sœurs, mais pas tous « même père même mère » puisque son père était polygame. Après une école primaire à l’« École Mission » de Dogon Doutchi, ses études secondaires l’ont amené à un Bac D. Il part étudier à l’École des Sciences de Niamey mais n’achève pas son cycle, et devient enseignant de collège.

Il prend contact avec l’IREM (Institut de Recherches sur l’Enseignement des Mathématiques) de Niamey, et participe comme animateur aux ateliers décentralisés organisés par l’IREM à Zinder en 1982.

Mahamadou reprend ses études à la Faculté de Pédagogie où il obtient son premier cycle, et devient professeur de collège à Niamey. Il est aussi très actif à l’IREM et vient régulièrement pour des séjours de formation en France dans le cadre de l’IREM de Rennes (il y a un financement pour des échanges bilatéraux). Au décès de son père, le 22 décembre 1986, il devient chef de famille, mai-guida, et retourne à Dogon Doutchi réorganiser la famille. C’est une responsabilité qui l’amènera à prendre en charge les frais de scolarité de ses nombreux frères et sœurs. Il est marié depuis plusieurs années à Philomène qui sera son unique épouse, ils n’ont pas d’enfant mais ils en adoptent plusieurs, à l’africaine.

De retour à Niamey, il participe à la Conférence Nationale Souveraine qui rétablit la démocratie. Il fait partie des représentants de la société civile, en tant que président de l’Association Nigérienne de Jeux Mathématiques. Son engagement politique au sein du PNDS (Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme) date de cette époque.

Mahamadou fait le projet de pousser plus loin ses études mais il ne trouve pas de cadre adapté. Un ancien directeur de l’IREM de Rennes devenu directeur de l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) peut l’héberger. Et des amis français prennent en charge le reste : billet d’avion et frais de séjours. Au Niger il est en position de stage ce qui lui permet de continuer à soutenir sa famille et même de faire des économies. C’est à ce moment là qu’il fait construire sa maison à Tallague.

Trois années studieuses (de 1993 à 1996) lui permettent d’obtenir licence, maîtrise et DESS en Sciences de l’Éducation à l’Université de Rennes 2. Dans cette période, grâce aux nombreuses amitiés qu’il noue partout où il passe, le projet de réseau franco-nigérien Tarbiyya Tatali se met en place. Des associations au Niger et en France, travaillent ensemble à l’auto-développement du peuple nigérien. Leur travail se base sur le respect mutuel, l’amitié et les échanges culturels.

Mahamadou retourne au Niger, où il est conseiller pédagogique à l’INDRAP (Institut Institut National de Documentation, de Recherche et d’Animation Pédagogiques), jusquà son départ à la retraite, à 55 ans. C’est dans cette période qu’il créée le RAEDD (Réseau d’Actions Éducatives pour un Développement Durable), dont il sera l’unique coordinateur national jusqu’à sa mort en 2016. En France, François Hébert met en place l’AECIN (Association d’Échanges Culturels Ille et Vilaine Niger) qui sera ensuite présidée par Yvon Logeat, Marie-Françoise Roy, Tifenn Leclercq, Michel Coste et Alice Belliot.

Le premier projet de Tarbiyya Tatali, acheter des livres du primaire pour les mettre en location, représente 350 000 CFA (environ 500 euros) venant des fonds propres de l’AECIN. Le RAEDD a connu depuis une expansion continue, a développé de très nombreux partenariats (ambassades, grandes ONG, ...) ; son budget annuel est actuellement de l’ordre de 250 000 euros.

Mahamadou joue aussi un rôle très actif au PNDS notamment dans l’organisation de la campagne présidentielle. L’arrivée au pouvoir du Président Mahamadou Issoufou en 2011 permet à Mahamadou d’accéder aux hautes responsabilités de directeur de cabinet de la Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales.

Quelle carrière impressionnante, avec ces trois volets : responsabilités administratives, politiques et associatives.

Mais ce cumul de responsabilités (directeur de cabinet, coordinateur du RAEDD, activités politiques) l’épuise. En novembre 2015, il assiste aux obsèques du Sarkin Arewa et s’effondre, on parle d’un AVC. Hospitalisation, retour à la maison, évacuation sanitaire au Maroc à deux reprises puis retour en clinique... Pour docteur Sieyaba sa sœur : « Personne n’a vraiment posé de diagnostic ».
Il s’éteint à l’hôpital de Niamey le 6 août 2016.

Depuis de nombreux messages de condoléances sont parvenus à Tarbiyya Tatali, exprimant la tristesse et la perte immense ressentie. Beaucoup de commentaires élogieux sur Mahamadou Saïdou, son énergie infatigable, sa vive intelligence, sa bonne humeur, son dévouement, sa patience, son sens de l’écoute. En France comme au Niger les membres de Tarbiyya Tatali sont plus que jamais engagés à continuer l’œuvre de cet homme exceptionnel.

Mahamadou Saidou, coordinateur de Tarbiyya Tatali au Niger (1952-2016)