Ce conte est extrait de notre livre de contes "Il était une fois au Niger". Vous pouvez commander ce livre à notre boutique.

La lutte des animaux

C’était au temps où les animaux pratiquaient la lutte. Après la récolte, conformément à la coutume, un combat fut organisé dans tous les villages. Daydaya, le griot, fit résonner son grand tam-tam au milieu de l’arène pleine à craquer. Il commença à chanter les louanges de Damo, l’iguane, dont le nom veut dire « gueule tapée » en disant :

  • Kai Damon da ke, abokin sure da daudawa (bis), c’est -à-dire Toi, gueule tapée, l’ami de l’oseille et de soumbala.

Alors la gueule tapée se mit à se gonfler et à se dégonfler, dressant haut sa queue au milieu de la foule.
Guizo guizo, l’araignée, voyant Damo se gonfler et se dégonfler, décida de lutter avec lui pour mettre fin à ses vantardises.
Soudain, un grand cri traversa la foule des spectateurs. C’était Damo qui criait :

  • Hé, Araignée aux côtes dehors ! va chercher ton égal car moi, je vais t’écraser.

Et Damo continuait à vociférer.

Dans la foule, certains spectateurs trouvaient que le combat était inégal et le faisaient savoir mais d’autres demandaient qu’on les laisse lutter, ils disaient « ça apprendra au vaincu à savoir chercher son égal ».
Les deux lutteurs prirent donc place dans l’arène. Le coup de sifflet donna le signal du début du combat.

Tout le monde retenait son souffle. Le combat était acharné, les deux lutteurs offraient le spectacle d’une terrible mêlée. Damo, la gueule-tapée essayait de toutes ses forces d’écraser l’araignée. Très agile, l’araignée grimpait sur le dos de Damo.
Les avis étaient partagés, les uns donnaient la victoire à Damo, les autres à l’araignée. Comme l’issue était incertaine, on les convainquit de reprendre le combat. La lutte reprit et une fois de plus, avec une magnifique rapidité, l’araignée grimpa sur le dos de Damo qui ne parvenait pas à la faire tomber par terre. Malgré tout, les supporters de Damo demandèrent une fois encore de reprendre le combat. Et une fois de plus, ce fut l’araignée qui sortit victorieuse.

C’est alors que du haut de la tribune, Kurciya, la tourterelle, dit à l’épervier Shaho :

  •  Je vais lutter avec toi car je viens de voir l’exploit de l’araignée sur Damo.

Entendant cela, certains clamaient : « Ba’a san ma ci tuwo ba sai in miya ta ‘kare  », autrement dit « C’est quand il n’y a plus de sauce avec la pâte qu’on reconnaît le gros mangeur ».

Très vite le combat s’engagea. D’un seul coup de bec, l’épervier saisit le cou de la tourterelle et l’étrangla. La tourterelle eut juste le temps de murmurer en suffoquant :

  • Il faut vite arrêter ce combat ; c’est une lutte dangereuse et déloyale. (bis)

On arrêta le combat mais la tourterelle se retrouva avec le cou tordu et finit par succomber.
Et l’épervier de commenter :

  • Tu t’es beaucoup moquée de moi, tourterelle, ça te servira de leçon !

Moralité : dans la vie, il faut respecter son prochain et dans la société, chacun doit connaître son égal.

Ecole de Issakitchi. Conteuse : veuve Gaya Ma’keri.
Groupe d’élèves : Abdou-Rahamane Soba, Assoumane Bawa, Nourou Boubacar, Moumouni Hassane, Nourou Hassan, Idi Saidou.
Encadreur  : Mr Karimou Issa, Directeur de l’école.

Il était une fois au Niger