Filmographie de Sani Magori
Liste des oeuvres, dont notamment
- Pour le meilleur et pour l’Oignon (2008)
- Koukan Kourcia : le cri de la tourterelle (2010)
- Koukan Kourcia : les médiatrices (2013)
De passage à Rennes en novembre 2014, Sani Magori a été photographié par Joris Le Guidart et a eu un entretien avec lui.
extraits de l’entretien
JLG : L’arrivée du numérique change t-elle le cinéma nigérien ?
SM : Oui bien sur. D’ailleurs ces dernières années, la production cinématographique en nombre de films et en nombre de cinéastes a augmenté. Le coût de production a diminué et la mise en oeuvre est devenue plus simple, donc beaucoup de monde s’y est mis. Je peux dire que le numérique a facilité mon entrée dans le cinéma, car ça ne fait pas longtemps que je fais ce métier. Et beaucoup d’autres, qui ne faisaient plus de films depuis des années parce qu’il n’y avait pas de financement, ont recommencé à produire grâce au numérique. C’est le cas d’anciens cinéastes du Niger comme Djingarey Maïga qui faisait un film tous les 15 ou 20 ans et qui s’est mis les dix dernières années à faire deux films Ca a révolutionné le cinéma, le documentaire surtout, parce que nos aînés ne faisaient pas de documentaire à cause de la pellicule qui coûte cher et qui n’est pas rentable. Le documentaire a bénéficié énormément de l’arrivée du numérique qui permet de faire des films à petits budgets. Pour moi, la fonction principale du documentaire c’est d’être le témoin de quelque chose et d’en transmettre la mémoire. Donc le numérique a énormément aidé l’éclosion d’une nouvelle génération de cinéastes africains, de documentaristes surtout. Regarde Nollywood au Nigeria, c’est grâce au numérique que le Nigeria est devenu le deuxième producteur cinématographique au monde en nombre de films qui sortent par an. Tout celà on le doit au numérique. On en profite au maximum, aujourd’hui avec le nouveau support on est pas toujours en train de numériser, on a des cartes mémoires, on filme, on filme on décharge, ça permet d’effacer, ça réduit considérablement les coûts. Aujourd’hui on peut faire un film seul à la maison, on a vu des films qui ont sillonné le monde qui sont faits ainsi. Le numérique a été d’une grande contribution en Afrique.
JLG : Est-ce qu’il y a des structures au Niger pour pouvoir stocker ces films comme le CNC ou la Cinémathèque française le font ?
SM :Non il y en a pas, il y a pas une structure qui fédère les bases de données cinématographiques, il n’y a pas de cinémathèque. Mais chacun dans son coin a ses films numérisés, sauvegardés, je garde tous les rushs de mes tournages. J’ai tous mes films parce que j’ai une société de production, je produis mes propres films et les films des autres. Nous avons aussi une nurserie, une sorte de mutuelle où on s’entraide pour produire des films entre nous. Les jeunes qui n’ont pas les moyens ou les arguments pour convaincre un producteur de mettre de l’argent dans le film, on leur donne du matériel, un peu de formation, on a des caméras de différents niveaux, des PD150 qui sont faciles à manipuler, et si vraiment tu arrives à trouver un projet qui tient on te met dans des circuits. Il y a un réseau Africadoc qui aide à écrire les projets, rencontrer des professionnels…