Cette action est terminée.

Filage et tissage

Cette activité des femmes de Lougou a été soutenue depuis 2003 par plusieurs micro-crédits : achat d’un premier stock de coton, crédit pour que les groupements de tissage puissent se constituer, prêt pour constituer un stock de tissu en attendant son écoulement sur le marché.

Compte-rendu des actions « Coton à Lougou »

Notre action a pour but de relancer le filage et le tissage du coton, activités traditionnelles de Lougou, pour soutenir les initiatives économiques- des femmes. La sécheresse actuelle ne permet pas de faire pousser le coton sur place comme dans le passé.

Le filage est une des activités traditionnelles de Saraouniya. Mais à Lougou, très peu nombreuses étaient les vieilles femmes qui avaient maintenu le travail du filage, à part Saraouniya elle-même. L’idée d’aider les femmes à reprendre le filage et développer le tissage du coton s’est peu à peu dégagée lors des discussions avec le village. Cela leur permettra de conserver leur ancienne pratique tout en apprenant de nouvelles techniques, et améliorera leurs revenus.

Redémarrer le filage et le tissage

Tarbiyya Tatali a encouragé les femmes à se constituer en groupements féminins. Cinq groupements féminins de six femmes chacun ont été formés, un dans chaque quartier.

En 2003, nous avons fourni le village en coton, pour 100 000 CFA (150 euros). Le coton a été égrené par les élèves de l’école puis cardé et filé par les femmes, et enfin tissé par des tisserands hommes, conformément à la tradition. Le filage se pratique activement dans le village de Lougou et même dans les villages voisins, où habitent certaines femmes membres des groupes. Plusieurs rouleaux de tissu ont été vendus, à Dogon Doutchi, Niamey, Rennes et Dakar. Le coton de Lougou a de multiples utilisations : couvertures, draps, vêtements, linceuls, habits de cérémonies du bori, enveloppement des amulettes. Le prêt initial consenti par l’association a pu être remboursé, et une plus grande quantité de coton achetée pour la deuxième année.

Evènement rare, Saraouniya a "sorti son fil" à l’automne 2004. Toutes les femmes ont participé au wadari, cérémonie qui consiste à étendre le fil tout autour du village pour mieux le préparer au tissage.

Mais, une fois le coton transformé en fil en grande quantité, les femmes ont constaté que les tisserands hommes sont trop âgés et trop peu nombreux. Les femmes disent : « nous aurions fait beaucoup plus, mais malheureusement il n’y a qu’un seul tisserand dans tout le village ». Elles auraient souhaité avoir un tisserand par groupement. Comme les tisserands manquaient, peu d’argent revenait aux femmes finalement. Ce problème a fait l’objet de plusieurs discussions au niveau de la communauté.

Quand les femmes aussi tissent

L’idée que les femmes prennent une part active au tissage s’est dégagée. Celà ne s’était encore jamais fait mais elles sont très motivées. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres parties du Niger, où le tissage est réservée à certaines castes, à Lougou le tissage est une activité comme une autre qui peut être menée par quiconque, homme ou femme, quelle que soit son appartenance familiale. L’Arewa est d’ailleurs une des seules zones du Niger où l’eclavage et le système de caste sont pratiquement inexistants.

En 2004, Tarbiyya Tatali a appris qu’à Niamey, la Direction de l’alphabétisation et de la formation des adultes (DAFA) et CARITAS ont conduit des programmes de formation des femmes à l’utilisation du métier à tisser comme au Burkina Faso. Un jeune homme de Lougou est allé se former à Niamey, un métier à tisser moderne a été ramené au village et un local construit pour l’abriter. Le jeune formé s’occupe de ce métier, il est en même temps formateur des femmes et autres bonnes volontés du village. Les femmes sont enchantées par l’arrivée de ce métier étrange pour elles. Elles sont vraiment intéressées à l’utiliser. Elles l’acceptent et l’essaient à tour de rôle. Mais, il présente des difficultés de manipulation, car les lisses de métal cassent les fils. C’est certainement un problème de montage ou de réglage. Il faut donc le réparer. Le comité de tissage souhaite une réparation de ce métier sur place, au lieu de le transférer à Dogondoutchi, par crainte qu’il ne revienne plus à Lougou. Alors, à quand la réparation ? En attendant une réponse à cette interrogation, il faut tout de suite trouver une solution, on va retourner aux anciennes pratiques des tisserands traditionnels, en formant les femmes à la technique du tissage jusque là traditionnellement réservée aux hommes.

Chacune des présidentes de groupes a décidé de choisir son tisserand pour qu’il construise un métier traditionnel pour le groupe, procède au tissage et soit en même temps formateur en tissage pour les femmes du groupe. C’est ainsi que tous les groupes de filage se sont érigés en groupes de filage et tissage du coton. Mais dans le village, il n’y avait qu’un seul tisserand. Tous les autres, il a fallu les chercher ailleurs.

La recherche du matériel pour confection des métiers était l’étape la plus difficile. Le matériel se faisait rare, parce que, depuis longtemps déjà, les tisserands traditionnels avaient abandonné le métier. Cela nous a pris des semaines de recherches à travers les marchés pour retrouver les tisserands ayant abandonné et pour confectionner les métiers.

Au fil de plusieurs missions d’information – sensibilisation, trois métiers ont vu le jour le dimanche 22 janvier 2006, suivis de deux autres les semaines suivantes. Les trois étaient tous installés sur un même site. Ce n’est que par la suite qu’ils ont été transférés chacun chez sa présidente, pour faciliter les entraînements. Chaque groupe a reçu de Tarbiyya Tatali une avance de cinq mille francs (5000 FCFA : 8 Euros) pour achat de matériel d’embellissement ou décoration de son métier. Les métiers de femmes sont constitués des mêmes éléments que les métiers traditionnels des hommes mais ils sont décorés et coloriés de couleurs vives, alors que les métiers traditionnels des hommes n’ont pas de couleurs.

Un sac de coton revient à 5 000 CFA. Le coût du filage est estimé à 5 000 CFA. La main d’œuvre d’un tisserand par rouleau est de 5000F. Pour chaque rouleau, il faut cinq à sept jours de tissage. Le prix de vente d’un rouleau d’étoffe est de 16 000F. Quand les femmes font à la fois le filage et le tissage, elles récupéreront donc 10 000 CFA par rouleau, et elles ne dépendront plus du tisserand.

Pour une gestion saine et transparente de leurs revenus, les cinq groupes se sont regroupés en un comité de gestion de filage et de tissage du coton. Chaque groupe est représenté dans le bureau par sa présidente.

Le coton de Lougou a de multiples utilisations : couvertures, draps, habits, linceuls, habillements pour les cérémonies du bori, enveloppement des amulettes.

Tailleur

Un micro-crédit a été également consenti à un taillleur installé à Dogon Doutchi qui a pu s’acheter une machine à coudre pour confectionner des habits en coton de Lougou et les vendre dans l’Arewa et au delà.

Formation au tissage

Des femmes de Lougou, Gougui et Dogon Doutchi ont été formées en 2007 par une femme venue du Burkina Faso à l’utilisation de métiers métalliques plus commodes que les métiers traditionnels.

Elles utilisent en fil de trame du fil industriel et en fil de chaîne le fil filé à Lougou.

Tissage